Si l’Europe devait être résumée dans la course à l’intelligence artificielle par une image, ce serait sans doute ce dragon un peu benêt avec la langue pendante. Pendant que les États-Unis et la Chine se battent à coups de milliards et d’algorithmes toujours plus performants, l’Europe semble, elle, s’intéresser à des sujets aussi palpitants que la réglementation et les bouchons en plastique. Mais aujourd’hui, intéressons-nous au dragon du milieu, le redoutable DeepSeek, l’IA chinoise qui a secoué Wall Street et affolé la tech américaine.
DeepSeek : le trouble-fête chinois qui ridiculise la Silicon Valley
Jusqu’ici, la domination américaine dans l’IA semblait inébranlable. OpenAI, xAI, Meta AI… autant de géants qui régnaient en maîtres sur le marché des intelligences artificielles génératives. Mais voilà qu’un petit nouveau, DeepSeek, est venu leur chatouiller les algorithmes. Fondé par Lang Wen Feng en 2023, ce chatbot chinois a connu une ascension fulgurante avec sa mise à jour DeepSeek (R1) qui l’a propulsé en tête des téléchargements dans de nombreux pays, y compris en France.
Ses performances ? Ébouriffantes. Il rivalise avec ChatGPT et Claude dans la résolution de problèmes complexes, à tel point que l’université de Berkeley le classe parmi les meilleurs. Le tout, avec un coût de développement dérisoire. En effet, le développement de DeepSeek a coûté seulement 6 millions de dollars, contre plus de 100 millions pour OpenAI et 60 millions pour Mistral AI. Une véritable démonstration de force de l’ingénierie chinoise.
Nvidia dans le mur, DeepSeek au sommet
Le tremblement de terre provoqué par DeepSeek ne s’est pas limité aux réseaux sociaux. Il a fait s’effondrer la bourse, avec une chute vertigineuse de 17 % pour Nvidia et une perte de 600 milliards de dollars en une journée. Pourquoi ? Parce que DeepSeek n’a pas besoin des puces Nvidia en quantité astronomique pour fonctionner.
Là où ChatGPT carbure avec des supercalculateurs équipés de 16 000 puces dernier cri, DeepSeek se contente de bien moins, avec du matériel loin d’être flambant neuf. Autrement dit, si une IA aussi performante peut être développée sans faire appel massivement à Nvidia, l’avenir du géant des semi-conducteurs est en péril.
L’Europe et l’IA : entre ambition et bouchons en plastique
Pendant que la Chine et les États-Unis se livrent une bataille sans merci, l’Europe tente de rester dans la course. Mistral AI, le champion français de l’IA, fait de belles promesses et propose des modèles open source performants. Mais malgré ses ambitions, l’Europe reste encore en retrait face aux géants américains et chinois. Le problème ? Un manque de financements comparables aux mastodontes étrangers, une régulation plus stricte et une vision parfois trop frileuse.
Pendant que DeepSeek bouscule l’ordre établi, l’Europe réfléchit toujours à la meilleure manière de réguler ces technologies, quitte à retarder son propre développement. C’est un peu comme vouloir battre Usain Bolt en commençant la course avec un sac de plomb sur le dos.
DeepSeek : un challenger à surveiller de près
Que faut-il retenir de tout ça ? DeepSeek est un sérieux prétendant dans la course à l’IA et sa montée en puissance montre que la compétition mondiale s’intensifie. Pendant que les États-Unis renforcent leurs investissements avec des projets comme Stargate et que la Chine accélère avec d’autres IA prometteuses comme 01.AI et Moonshot AI, l’Europe doit absolument prendre des mesures pour ne pas se retrouver larguée.
En attendant, DeepSeek est bien parti pour secouer encore un peu plus la Silicon Valley. Et pendant que les dragons chinois et américains s’affrontent, le dragon européen peut toujours espérer que son bouchon de plastique lui serve au moins à flotter dans cette mer agitée de l’intelligence artificielle.