Le Bénin entre dans la course aux records mondiaux avec une détermination flamboyante. Dès le 1er décembre 2025, Keith Sonon, cheffe cuisinière connue sous le nom de « L’Amazone en Cheffe », entamera un défi titanesque : un marathon culinaire de 150 heures non-stop pour conquérir le Guinness World Record du plus long marathon de cuisine individuel. Installée sur l’esplanade du Palais des Congrès de Cotonou jusqu’au 15 décembre 2025, elle défendra la richesse et la diversité de la gastronomie béninoise. Qui est Keith Sonon ? Quelles ambitions portent ce projet qui agite déjà les réseaux sociaux ? Récit de l’ascension d’une cheffe qui veut inscrire le Bénin dans l’histoire mondiale de la cuisine.
Keith Sonon au Guinness World Record : Un rêve d’Amazone qui prend forme
De son nom complet Keith Vanessa Yabo Sonon, la cheffe n’a jamais considéré la cuisine comme un simple métier. Elle y a trouvé une vocation dictée par l’instinct et l’enfance, passée en grande partie « derrière les tatas », dans les cuisines familiales. Sous l’impulsion de ses parents, elle poursuit d’abord un BTS en management commercial opérationnel, avant d’opérer un tournant décisif : elle pose les bases d’une carrière culinaire.
Elle conclut alors un accord avec sa mère : tenter sérieusement sa chance dans la cuisine avant d’envisager un retour à un parcours plus académique. Cette décision la mène dans une école d’art culinaire, où elle obtient un CAP puis un BP (Brevet Professionnel). Elle progresse rapidement au point de se voir confier des cuisines professionnelles par des responsables convaincus par son sérieux et par son aisance technique.
En 2018, elle fonde la marque « L’Amazone en Cheffe », un clin d’œil assumé aux Amazones du Dahomey, figure historique du courage et de la rigueur. Sa cuisine se définit en trois mots : fusionnelle, savoureuse et généreuse, combinant les techniques apprises en France et en Belgique et les héritages culinaires béninois et africains.
Depuis 2020, elle transmet cette vision à plus de 200 jeunes femmes à travers son initiative Cheffes d’Avenir Bénin, où elle défend des pratiques responsables et un rapport durable au terroir.
Son profil s’impose progressivement dans le paysage culinaire. Elle reçoit le Prix de la Jeune Cheffe Africaine en 2022, participe à des évènements officiels à dimension nationale et régionale, et développe un univers culinaire suivi par des milliers de personnes sur ses réseaux sociaux et sur son site lancé en 2023.
Dans un message publié le 21 novembre 2025, elle résume l’ambition de son défi : montrer « le talent, la rigueur et la détermination » de la jeunesse béninoise.
Une tentative qui s’inscrit dans un mouvement continental
Le marathon culinaire suit des mois de préparation, amorcés en juin 2025 avec des simulations de 72 heures. Keith vise 150 heures, afin de dépasser les 140 h 11 min 11 s établies par Evette Quoibia le 19 février 2024 à Melbourne. Les règles du Guinness la soumettent à une discipline stricte : 5 minutes de pause par heure, une activité culinaire réelle supérieure à 80 %, et un suivi vidéo ininterrompu.
Inspirée par la vague de records africains déclenchée en 2023, Keith s’inscrit dans une lignée de cheffes qui transforment les fourneaux en armes de soft power. Hilda Baci, la Nigériane pionnière, a ouvert la brèche le 11 mai 2023 à Lagos avec 93 heures et 11 minutes, cuisinant plus de 100 plats pour 30-35 personnes chacun, et brisant un plafond de verre pour les femmes africaines. Son triomphe, officialisé le 13 juin 2023, a provoqué un « fever » continental, boostant les candidatures et l’industrie food nigériane de 15 %.
La Côte d’Ivoire a suivi avec Zeinab Bancé, dont les deux tentatives marquent l’histoire. En décembre 2024, du 17 au 22 décembre, elle a cuisiné 131 heures et 30 minutes à l’Agora de Koumassi à Abidjan, préparant 15 000 repas traditionnels (sauce claire, attiéké, gombo) redistribués aux familles vulnérables – un geste solidaire qui a mobilisé artistes comme Alpha Blondy et le ministre Mamadou Touré.
Non homologué pour vices de procédure, ce run a inspiré une seconde vague : du 27 mars au 3 avril 2025 au Parc des Sports de Treichville, Zeinab a poussé à 160 heures, surpassant Evette Quoibia, mais stoppée par une douleur au bras. « J’aime les challenges, j’aime me dépasser », déclarait-elle, transformant son échec en leçon pour l’Afrique.
D’autres Africaines ont relevé le gant : la Togolaise Laurence Assignon a visé 192 heures du 10 au 23 août 2025, documentant chaque étape pour Guinness ; l’Haïtienne Danaisa « Chef Leen » Orchestre a conquis 192 heures en avril 2025, célébrant la cuisine haïtienne.
Ces exploits, dans un record né en 2019 avec Lata Tondon (Inde, 87 heures 45 minutes), puis Alan Fisher (Irlande, 119 heures 57 minutes en octobre 2023 au Japon), soulignent une domination africaine émergente. Keith Sonon, première Béninoise dans cette catégorie, veut « écrire l’histoire » et aligner son pays sur la « Renaissance du Bénin » impulsée par Patrice Talon depuis 2016, via tourisme et culture (comme la statue de l’Amazone inaugurée en 2022).
Keith Sonon devient ainsi la première Béninoise à inscrire son nom dans cette compétition mondiale de marathon culinaire Guinness World Record. Aussi, En battant ce record, Keith Sonon deviendra la troisième Béninoise à inscrire son nom dans le Guinness World Records, offrant ainsi au Bénin un troisième record mondial, après les deux premiers déjà obtenus par le pays en 2024.
Quel est l’objectif de Keith Sonon à travers le Guinness World Record ?
Pour la cheffe, la tentative du marathon culinaire va au-delà de la performance sportive. Elle y voit une occasion de placer la cuisine béninoise sous les projecteurs, dans un contexte où le Nigéria, la Côte d’Ivoire et d’autres pays ouest-africains ont déjà pris une longueur d’avance en matière de visibilité culinaire.
Elle prépare un programme intitulé « Voyage Culinaire Béninois », pensé comme un panorama du terroir national : igname pilé, sauces traditionnelles, variations autour du manioc, recettes revisitées à partir de produits locaux.
Chaque plat renvoie à un territoire, à un souvenir gustatif ou à une technique héritée des cuisines familiales.
Keith Sonon reçoit un soutien massif des Béninois et au-delà
L’annonce des besoins le mercredi 19 novembre 2025 suivi d’une polémique sur TikTok a enflammé rapidement les réseaux sociaux. Le hashtag #KeithSonon atteint plusieurs milliers de mentions. Des créateurs de contenu relaient l’information, tandis que des communautés en ligne expriment leur soutien, signe de l’importance symbolique de la première participation béninoise dans cette catégorie de records.
Certaines discussions tournent autour du volume de nourriture préparée pendant l’évènement, mais le mouvement #SouvelonsKeith domine largement, avec une mobilisation qui dépasse les frontières et rejoint la diaspora.
Un projet personnel, culturel et générationnel
Au-delà des chiffres et des comparaisons, la cheffe Keith Sonon décrit ce défi comme un engagement personnel. Elle associe ce marathon culinaire à une affirmation identitaire et à une vision profondément ancrée : défendre sa passion, encourager la jeunesse et honorer l’héritage des Amazones, dont le Bénin érige un monument iconique en 2022.
Elle exprime souvent cette philosophie à travers une phrase devenue un repère dans sa communauté :
Faites ce que vous avez envie de faire. Si vous avez envie de gonfler des ballons toute la journée, faites-le, mais faites-le bien. Ne suivez pas les injonctions des autres : au bout du compte, la lassitude guette. Embrassez votre passion, et on n’en parle plus.
La cuisine béninoise dans les livres du Guinness World Record grâce à Keith Sonon ?
Le 1er décembre 2025, Keith Sonon entrera dans le cercle très restreint des cheffes africaines ayant tenté un marathon culinaire Guinness. Son objectif est de dépasser les 140 h 11 min 11 s reconnus par le Guinness World Records et offrir au Bénin une place historique dans un domaine où l’Afrique occupe désormais une position de premier plan.
Le défi s’annonce exigeant, mais il porte une portée culturelle, symbolique et générationnelle. Le public attend maintenant de voir si L’Amazone en Cheffe ouvrira un nouveau chapitre du parcours gastronomique béninois.
